JE CONNAIS QUELQU'UN QUI A VECU UNE AGRESSION SEXUELLE

 

aidante calacsconsequenceservices disponibles calacs

 

Vous avez appris qu’une personne de votre entourage a été victime d’agression sexuelle…cette section est pour vous!

Il est normal qu’une telle confidence vous ébranle et il est même possible que vous ne sachiez pas trop quoi faire ou comment réagir.

Sachez qu’il est loin d’être facile pour une victime de briser le silence sur l’agression qu’elle a vécue. Si elle s’est confiée à vous, c’est qu’elle a vu une opportunité de se libérer et qu’on lui tende la main pour lui offrir de l’aide. Elle doit avoir une grande confiance en vous pour partager avec vous ce secret qu’elle a peut-être gardé pendant plusieurs années.

 

Attitudes aidantes/nuisibles

Même si vous avez les meilleures intentions possibles pour aider cette personne, il arrive parfois que nos réactions ou nos façons d’agir aient l’effet contraire et nuisent à la victime plutôt que de l’aider.

 

Voici un petit tableau expliquant les différentes attitudes aidantes versus les attitudes pouvant être nuisibles pour les victimes :

 

Réactions à privilégier

Réactions à éviter

Écouter

 

  • Écouter ce que la personne veut nous dire, sans porter de jugement. La laisser s’exprimer dans ses mots, à sa façon et à son rythme. Il se peut qu’elle n’ait pas envie de raconter des détails ou d’en parler beaucoup et c’est correct ainsi.

Juger

 

  • Poser des questions directes en lui prêtant nos mots. Essayer de lui soutirer des détails. La faire parler sans arrêt sous prétexte que ça lui fera du bien.

*Oui en parler peut lui faire du bien, en même temps il est important qu’elle se sente respectée et non-forcée à quoi que ce soit, contrairement à ce que lui a fait vivre son agresseur.*

Croire

  • Croire ce que la personne dit est primordial. Il s’agit de son vécu, de sa perception. Il est possible que ça paraisse invraisemblable ou décousu, il sera toujours temps plus tard de remettre les morceaux de casse-tête en place. Pour l’instant, l’important est de se centrer sur ce qu’elle dit et ce qu’elle vit, sans la mettre en doute.

Douter

  • Se montrer sceptique, questionner, investiguer, lui dire d’arrêter d’inventer des histoires ou lui dire que ça ne se peut tout simplement pas.

*Ne pas être crue est souvent l’une des craintes les plus grandes des victimes qui fait en sorte qu’elles gardent souvent le silence très longtemps. Mettre en doute leur dévoilement peut avoir des répercussions négatives très grandes*

Non verbal adéquat

  • Avoir un bon contact des yeux, une posture ouverte à recevoir ce qu’elle nous exprime. Lui montrer qu’elle est écoutée et entendue.

 

 

 

Non verbal inadéquat

  • Ne pas la regarder, être distrait(e), la toucher, la dominer de notre « taille » (pour un enfant par exemple)

*Il peut être tentant de faire un câlin ou une caresse à la personne qui nous confie une difficulté. Il est important d’aller vérifier l’aisance de la victime avec cette marque d’affection pour ne pas lui faire revivre des émotions ou des « flash backs » de l’agression ».

Recevoir

  • Recevoir ce qui est dit sans amoindrir, ni amplifier les faits, le vécu, les émotions et les conséquences. L’écoute active (reflets et reformulations) s’avère très utile pour se centrer sur l’autre.

 

 

 

 

Banaliser, minimiser ou au contraire dramatiser

  • Dire à la personne que ce n’est pas si pire, que d’autres ont vécu bien pires, qu’elle n’a pas à se sentir affectée autant ou au contraire, lui dire que c’est terrible ce qu’elle a vécu, qu’elle doit être à terre et restera marquée.

*Chaque personne réagit différemment à une agression sexuelle, et toute réaction, peu importe son intensité est OK. Diminuer ou empirer la réaction de l’autre lui envoie le message qu’elle n’est pas correcte de vivre la situation de telle ou telle manière.*

 

Encourager

  • Valoriser ses « bons coups ». Souligner ses forces, son courage d’avoir brisé le silence. La remercier de vous avoir fait confiance, sachant très bien qu’il peut être difficile pour elle d’avoir confiance en quelqu’un présentement.

Souligner ses faiblesses

  • Lui dire qu’elle aurait dû en parler plus tôt, qu’elle aurait dû faire quelque chose bien avant.

 

 

Être supportant(e)

  • Se montrer disponible que ce soit pour en parler, pour l’accompagner dans un centre d’aide ou pour l’aider à porter plainte (si c’est ce qu’elle veut) ou pour autre chose dont elle aurait besoin.

 

 

 

 

Ignorer

  • Ne pas s’en mêler, sous prétexte que ça ne vous concerne pas, que ce n’est pas votre problème, ignorer sa demande d’aide.

* Il est possible pour différentes raisons de ne pas sentir que vous soyez la meilleure personne pour l’aider. Il est essentiel dans ce cas de vous respecter. Il est par contre important d’être transparentE avec la personne et le lui nommer et essayer de trouver une ou des alternatives avec elle. Juste ignorer ses besoins peut envoyer le message qu’elle n’est pas assez importante pour qu’on prenne soin d’elle et qu’on l’aide. *

Déculpabiliser

  • Lui faire comprendre que ce n’est pas de sa faute si elle a subi une agression à caractère sexuel. L’agresseur est entièrement responsable de ses actes. La seule responsabilité de la victime est de guérir.

 

 

 

 

Culpabiliser

  • Blâmer la victime parce qu’elle ne s’est pas défendue, parce qu’elle n’est pas partie, parce qu’elle n’a pas crié, parce qu’elle est allée chez lui, parce qu’elle n’en a pas parlé avant…
  • Lui laisser entendre qu’elle a dû provoquer d’une certaine façon, qu’elle a une part de responsabilité dans ce qui lui est arrivé.

* Les victimes se sentent régulièrement coupables, de par les messages que leur agresseur leurs a dits ou tout simplement de par ce que la société, les médias, disent par rapport aux agressions sexuelles. Répéter ce même discours valide leur sentiment de culpabilité toxique. *

L'aider à reprendre du pouvoir sur sa vie

  • L’aider à reprendre le contrôle de la situation. L’encourager à prendre des décisions en pensant d’abord à elle et à ce qu’elle pense être le mieux pour elle.

 

 

 

La prendre en charge

  • Prendre le contrôle de toute la situation. Prendre les décisions à sa place sous prétexte que savoir ce qui est bon ou non pour elle. Entamer des démarches sans son accord.

* L’agression sexuelle est une prise de pouvoir sur la personne, qui lui enlève son pouvoir de décision sur la situation. Lors de l’agression, ses besoins et son opinion n’ont pas été pris en considération. La prendre en charge et faire les démarches ou prendre les décisions à sa place peut lui faire revivre cet abus de pouvoir. *

Favoriser son autonomie

  • L’aider à reprendre du pouvoir sur sa vie, tout en restant présent(e) pour elle. Lui donner de l’espace pour respirer, reprendre ses sens, pour prendre conscience de son état émotif. L’aider à imaginer des scénarios de protection ou de défense.

 

Surprotéger

  • Étouffer, surprotéger en l’empêchant de sortir, de voir des amis ou de coucher à l’extérieur.

* Les victimes sentent souvent de l’injustice, car ce sont souvent elles qui vivent une diminution de leur liberté alors que la responsabilité de l’agression revient à l’agresseur et non à la victime. *

 

 

Valider ses émotions

  • Lui permettre d’exprimer son vécu émotif même si cela est difficile. Valider ses émotions : il est normal qu’elle ressente de la colère ou de la tristesse ou de la peur. Et il est aussi normal qu’elle ne ressente pas certaines émotions. Chaque victime réagit différemment et leurs réactions peuvent varier dans le temps.

 

 

 

Tourner la page

  • L’empêcher d’exprimer ses émotions négatives sous prétexte qu'il ne faut pas « vivre dans le passé », que ce n’est pas bon pour elle.
  • Lui dire comment elle devrait se sentir par rapport à cette situation.

* Les victimes ne savent pas toujours comment elles se sentent par rapport à l’agression, ou peuvent vivre des émotions contradictoires ou encore tout simplement ne pas être capables de mettre des mots sur ce qui se passe à l’intérieur d’elles. L’encourager à passer à autre chose ou lui dire comment elle devrait se sentir peut avoir comme effet qu’elle se coupe davantage de leurs émotions et ne les expriment plus. *

Rehausser son estime d'elle

  • Faire ressortir ses qualités en lui donnant l’occasion de vivre des choses positives, des succès, des réussites.

Juger

  • La juger négativement à cause de ce qu’elle a véçu.

 

Rester calme

  • Essayer de rester le plus calme possible. Il est possible de prendre de grandes respirations pour aider à rester accueillant(e) et à l’écoute.

 

 

 

 

S'énerver, s'agiter

  • Se mettre en colère, crier, pleurer en se centrant sur ce que ce dévoilement vous fait vivre à vous et vous laisser aller à de fortes réactions.

* Il est normal que ce dévoilement vous affecte, car une personne que vous aimez, que vous appréciez a vécu un évènement tragique. Par contre, pour le moment, il est important de se centrer sur la victime et sur ce qu’elle vit. Par la suite, vous pourrez regarder ce que cela vous fait vivre à vous et comment prendre soin de vous dans cette situation. *

Être honnête

  • Tel que nommé plus haut, il est normal que ce dévoilement vous chamboule. Vous avez le droit d’être honnête par rapport à vos sentiments et de les nommer à la victime. Il est par contre primordial d’exprimer à la victime contre qui ses sentiments sont dirigés pour qu’elle ne se sente pas responsable de vos émotions.

 

Hyper- réagir en sa présence

  • Vivre des émotions très intensément : pleurer en hystérique, faire une colère violente.

* La victime a déjà assez de ses propres émotions à gérer, elle n’a pas à se préoccuper de ce que vous vivez pour le moment. De plus, il se peut que vous réagissiez plus qu’elle, ce qui peut lui faire sentir qu’elle n’est pas normale ou pas correcte de ne pas être dans une grande tristesse ou dans une grande colère. *

 

Faire preuve de patience

  • Respecter le rythme de son cheminement.

 

 

 

 

Être impartient(e)

  • Faire preuve d’impatience et mettre de la pression pour qu’elle entreprenne des démarches ou qu’elle porte plainte.

* Pour qu’un processus de guérison soit efficace, il doit être choisi et la victime doit être rendue à affronter les conséquences et les impacts de l’agression sexuelle. Si elle le fait pour vous, ce ne sera pas aussi aidant pour elle, même si votre simple souhait est qu’elle aille mieux. *

Centrer ses interventions sur la victime

  • S’occuper de sa protection, éviter les éclats qui pourraient plus lui nuire que l’aider. La mettre au centre du processus, ce qu’elle vit, comment elle se sent, ce qu’elle veut.

 

 

 

 

Centrer ses interventions sur l'agresseur

  • Aller dire sa façon de penser à l’agresseur, le blâmer pour ce qu’il a fait vivre à sa victime, le dénigrer aux yeux de la victime, prendre pour acquis qu’elle déteste l’agresseur, menacer de le tuer.

* Ce type de réaction peut envoyer le messager à la victime que l’agresseur est plus important qu’elle présentement. De plus, la victime peut vivre des émotions contradictoires par rapport à son agresseur, cette réaction pourrait les invalider encore plus ou lui donner l’impression qu’elle n’est pas correcte. *

Lui expliquer à qui vous devez en parler

  • Dans certaines situations, il est possible que vous soyez tenus par la loi d’entamer des procédures. Il est important de nommer à la victime cette obligation et si possible, de l’amener à faire elle-même les démarches (Voir Loi sur la protection de la jeunesse dans Informations légales)
  • De plus, même si vous n’êtes pas tenus légalement de faire des démarches, il se peut que vous ayez besoin d’aide pour prendre soin de vous dans la situation pour ainsi être mieux outillés pour aider la victime. Vous pouvez nommer ce besoin à la personne qui vous a fait un dévoilement.

 

Promettre de garder le silence

  • Cela devient délicat dans les cas où la victime a besoin de protection ou que vous, vous avez besoin de soutien.

* La personne vous a dévoilé l’agression qu’elle a vécue, car elle vous fait confiance. Il est important de maintenir cette confiance en étant transparent(e) et honnête avec elle. Ne faites pas de promesse que vous ne pourrez pas garder, et ne faites pas d’action « dans son dos », cela pourrait avoir comme effet qu’elle se referme complètement, et qu’elle se retrouve encore seule avec le poids de son vécu. *

 

 

 

La personne que vous avez devant vous reste la personne la mieux placée pour vous dire ce qu’elle attend de vous et quels sont ses besoins. N’hésitez pas à lui demander!

 

 

Conséquences possibles d’une agression sexuelle

 


Les victimes d'agression sexuelles portent de lourdes conséquences.

 

L’agression à caractère sexuel est un acte criminel commis envers une personne. Cet acte peut avoir de nombreuses conséquences à court, moyen et long terme. De plus, ces conséquences peuvent prendre des intensités différentes, selon les circonstances ou même selon le moment. Pour vous aider à un peu mieux comprendre, voici une liste qui énumère quelques exemples de ce qu’une victime peut vivre comme conséquences et comme impacts.

 

(Notez que chaque victime est différente et qu’elles ne vivent pas toutes les mêmes conséquences. Certaines victimes peuvent vivre plusieurs conséquences de façon intensive, alors que d’autres peuvent en vivre seulement quelques-unes de façon plus légère. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de réagir à la suite d’une agression.)

 

Réactions physiques :

 

  • Insomnie
  • Tremblements nerveux
  • Hyperactivité
  • Manque d’énergie
  • Palpitations
  • Crises de panique
  • Hyperventilation
  • Migraines
  • Vertiges
  • Tensions musculaires
  • Autre…

 

Réactions mentales :

 

  • Hypervigilance
  • État d’alerte constant
  • Perception négative de soi
  • Perception négative du monde extérieur
  • Difficulté à prendre des décisions
  • Pertes de mémoire
  • Flash-back
  • Cauchemars
  • Hallucinations
  • Anxiété
  • Phobie
  • Autres…

 

Réactions émotives :

 

  • Sentiment de peur
  • Sentiment de tristesse
  • Sentiment de honte
  • Sentiment de culpabilité
  • Irritabilité
  • Colère
  • Impuissance
  • Difficulté à se sentir en sécurité chez soi
  • Difficulté à se sentir en sécurité à l’extérieur
  • Autres…

 

Réactions comportementales

 

  • Tendance à l’isolement
  • Tendance au repli sur soi
  • Tendance à éviter les endroits, les individus ou les situations rappelant l’agression
  • Comportements agressifs
  • Comportements impulsifs
  • Tendance à utiliser l’alcool
  • Tendance à utiliser les drogues
  • Problèmes relationnels (intimité, sexualité)
  • Idées suicidaires
  • Tentatives suicidaires
  • Autres…

 

Services disponibles

 

Vous connaissez quelqu’un qui vous a vécu une agression sexuelle? Votre conjointe? Votre fille? Votre meilleure amie? Votre sœur? Vous ne savez pas trop comment réagir. Ou vous voulez comprendre davantage ses réactions. Vous voulez vous sentir plus outillé pour lui venir en aide. Ou tout simplement, vous avez besoin d’un espace pour nommer comment vous vous sentez et ce qui se passe à l’intérieur de vous. Dans tous ces cas, vous pouvez communiquer avec le CALACS et nous pourrons vous offrir des rencontres de soutien à l’entourage. Il sera alors possible pour vous de rencontrer une intervenante jusqu’à 5 fois pour vous accompagner et vous offrir du soutien.

 

*Noter que la personne que vous connaissez n’a pas besoin d’être en cheminement au CALACS pour vous ayez accès à ce service.